Notre président d’honneur, Jean-Pierre Hammel nous a quitté le 2 août, après un week-end en famille, en pleine conscience et bonheur. Ancien directeur de l’École Alsacienne, il a longtemps été président d’UNISAHEL, dont il a pris plaisir à décrire l’activité en toile de fond d’un roman, publié en 2000 : Sabédougou. Il aimait à préciser les orientations de l’association et il n’y a peut-être pas de meilleur moyen de lui rendre hommage, aujourd’hui que de relire le texte qu’il avait écrit pour le dossier de présentation de l’association.
Les projets que nous soutenons
Or, plus le projet est vaste et nourrit l’espoir de rendre d’importants services, plus il a tendance à privilégier les aspects “à l’occidentale”. C’est alors qu’on s’aperçoit qu’il n’est pas accueilli comme on l’espérait par la population locale. Il devient vite un lieu d’ignorance mutuelle, d’incompréhension, de conflits entre deux cultures dans ce qu’elles ont de plus subtil : la vie quotidienne. Faire de l’humanitaire, ça s’apprend !
Et d’abord, il faut se rappeler que la terre africaine n’est pas à vendre, elle appartient au village qui y est construit. Ce sont les anciens du village qui en sont responsables. Nous ne pouvons fonder notre aide sur l’achat d’un terrain et l’édification de locaux, comme en Occident. Il faut commencer par écouter et faire confiance.
Ceux qui ont le privilège de connaître et de soutenir ce que les organisations humanitaires appellent des micro-projets savent que là est l’essentiel. Celui qui donne un poste de soudure à un atelier africain imagine rarement ce que les bénéficiaires sauront en faire. Mais en revenant après coup, il le découvrira et pourra s’imprégner d’un aspect de la culture locale. Celui qui laisse une mobylette ou un vélo dans un village a des idées sur son futur emploi.., mais ce ne sont pas ces idées-là qui, à l’usage, se révèlent les meilleures. Et peu importe !
Ce qui est essentiel, c’est qu’en donnant le deux-roues ou le poste de soudure, on aide à créer le noyau d’où pourra sortir ce que seuls les habitants du lieu peuvent faire naître. En quelques mois, la mobylette a parcouru des kilomètres et quatre villages ont décidé de s’associer pour améliorer leur agriculture... Et maintenant la création d’un centre de soins pour cette association de villages est devenue envisageable. Voilà un micro-projet qui en induit un autre ! Avec le poste de soudure, l’atelier a réalisé des fauteuils pour handicapés, bravo : ceux-là résistent mieux que d’autres aux accidents de terrain de la zone sahélienne. Et l’atelier de soudure peut s'associer à un centre artisanal pour la réinsertion des handicapés.
Nombreux sont nos amis africains qui nous ont dit combien vaincre l’obstacle des distances est important. Une voiture robuste et fiable permet des réalisations que nous n’avions pas toutes imaginées... Offrir une voiture à une structure dont nous connaissons l’efficacité, c’est être sûr qu’elle sera rentabilisée !